Il n'y a pas grand chose à voir, les jours où le marché n'est pas là, quand le Dahut n'est pas encore ouvert, si ce n'et ces petites maisons de pierres grises, avec leurs toits en ardoise, et les rideaux en dentelle aux fenêtres. Ici il n'y a que des maisons et les habitants sont toujours prêts à céder une chambre d'ami, ou celle des enfants partis faire leurs études à quelques touristes qui resteront là pour les six prochains mois. Si les maisons ne paient pas de mine, les foyers sont accueillants et une odeur de bon repas flotte dans les airs.

Ce pub n'a longtemps pas eu de nom, encore aujourd'hui, les anciens l'appellent simplement "le pub". Entre une auberge et une taverne, toute la communauté s'y retrouve, pour manger un morceau sur le pouce, lire un bon livre devant un caf fumant, ou boire une pinte entouré de ses amis. C'est ici que les jeunes boivent leur premier verre, tandis que le patron a le dos tourné, se glissant rapidement derrière ce comptoir aussi vieux que le village lui-même.

Toutes les rues mènent au port à Ker, à ces quai de ciment gris, entourés par des petites cabanes, tout le long, aux portes desquelles sèchent des filets colorés qui embaument tout l'endroit. Le matin, c'est aussi là que se déroule le marché au poisson, tandis que des épouses de pêcheurs vous hèlent, vous haranguent, et racolent les clients jusqu'à leur stand, pour leur vendre des maquereaux et des potins sur le village. Le reste du temps, c'est bien plus tranquille, et vous pouvez observer les barques tanguer, de gauche à droite, de droite à gauche, les pieds dans l'eau.

Le véritable phare est bien plus proche du port désormais, et le bâtiment de pierre se meurt lentement, au bout d'une avancée rocheuse, malmené par les éléments. Une tempête, il y a quelques années, a éventré son flanc, et il est devenu aisé de s'y aventurer, à condition de ne pas avoir peur d'être mouillé. Quelques habitants prétendent même l'avoir vu s'allumer, il y a quelques nuits de ça.